Pour atteindre la neutralité carbone et contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique, la Région et la CCI accompagnent les entreprises industrielles dans la décarbonation de leurs activités. Efficacité énergétique, utilisation d’énergies renouvelables, ou encore recyclage sont autant de leviers permettant de réduire ou de supprimer les émissions de gaz à effet de serre et d’atteindre les objectifs de décarbonation.
De quoi parlons-nous ?
La décarbonation de l’industrie consiste à réduire ou supprimer les émissions de CO₂ et tout autre gaz à effet (GES) de serre émanant des activités ou des productions des sites industriels.
Il existe plusieurs leviers à la décarbonation :
Le Dunkerquois particulièrement concerné
Le rôle de la Région est d’accompagner les entreprises à mettre en place des démarches visant à la décarbonation de leurs activités.
De grands groupes industriels sont présents en région, comme : Arcelor Mittal, Dillinger, Aluminium Dunkerque ou encore industrie Agroalimentaires… La décarbonation est donc un enjeu régional majeur pour la compétitivité du territoire, le maintien des emplois et l’atteinte des objectifs de neutralité carbone.
Le Dunkerquois est le premier émetteur national de CO₂ avec 19 % des émissions industrielles nationales. Avec les premières échéances nationales et européennes de réductions des émissions à 55%, par rapport à 1990, d’ici 2030, les acteurs locaux estiment à près de 4 milliards d’euros la facture de la décarbonation. D’autres échéances arriveront pour 2050.
Des objectifs intermédiaires peuvent être fixés par type d’industrie ou de branche industrielle.
Répartition des émissions de GES par secteurs en Hauts-de-France
Pourquoi ?
La décarbonation a pour objectif premier la lutte contre le dérèglement climatique. Il s’agit d’atteindre les objectifs fixés par les différents plans européens et français en matière de neutralité carbone, avec en complément depuis quelques mois, des enjeux économiques forts liés à la hausse du prix de l’énergie et donc de compétitivité des entreprises françaises et des Hauts-de-France en particulier.
Comment ?
La Région accompagne les entreprises volontaires grâce à la mise en place du Booster « Transition énergétique » porté par Pôlenergie. Ce dispositif permet aux entreprises de bénéficier d’un accompagnement d’une dizaine de jours pour mettre en place les premières étapes de leur démarche de décarbonation.
Elle accompagne également financièrement les entreprises. D’une part grâce au FRATRI (Fond Régional d’Amplification de la Troisième évolution Industrielle) qui permet de financer les études, les diagnostics ou les projets de petite taille. La Région accompagne d’autre part les entreprises pour la recherche de financements européens lorsque les projets sont de plus grande ampleur.
Avec la politique rev3, il s’agit également de coordonner les acteurs et les projets en région dans le domaine de la décarbonation.
Comme évoqué, plusieurs leviers permettent de décarboner les sites industriels ou les entreprises :
Il s’agit de substituer une source d’énergie fossile (gaz ou pétrole) par une énergie décarbonée :
– Gaz décarboné : biogaz, hydrogène vert…
– Electricité issue de moyens de productions renouvelables (solaire, géothermie, éolien, hydroélectricité…)
– Chaleur renouvelable : biomasse ou chaleur de récupération
On entend par chaleur fatale une partie de la chaleur inévitablement rejetée ou perdue lors du fonctionnement d’outils de production ou de transformation. En effet, l’énergie thermique produite n’est, le plus souvent, pas utilisée en totalité et est donc perdue. Or, il est possible de récupérer cette chaleur afin de la valoriser en vue notamment de décarboner le secteur industriel.
Il peut s’agir, par exemple, de fumées issues de combustion, d’eaux de refroidissement, de vapeurs, de buées, d’air de conditionnement… De manière générale, plus la température est élevée, plus la réutilisation est facile. La chaleur peut être récupérée à partir d’une vingtaine de degrés, jusqu’à 150 degrés. Une fois récupérée, la chaleur peut être réinjectée dans un autre process, sous forme de vapeur (souvent pour les usages industriels) ou sous forme d’eau chaude, notamment pour les réseaux de chaleur.
Pour récupérer la chaleur fatale, on utilise en général un échangeur thermique, qui permet de transférer la chaleur d’un fluide chaud que l’on doit refroidir à un autre plus froid que l’on doit réchauffer, grâce à une plaque d’acier. C’est une technologie très ancienne mais les progrès techniques permettent d’avoir des échangeurs aujourd’hui plus performants, plus compacts et qui résistent à des fluides très corrosifs par exemple.
Dans un contexte de limitation progressive du recours aux ressources fossiles et de diminution des émissions de CO₂, la récupération et la valorisation de l’énergie fatale gaspillée dans certains processus constitue un objectif essentiel pour une utilisation plus rationnelle de l’énergie, conformément aux objectifs de la transition énergétique.
En effet, la récupération de chaleur fatale est très vertueuse sur le plan écologique si l’énergie récupérée évite de consommer un combustible fossile : elle permet d’améliorer ainsi le bilan carbone d’une entreprise.
Les émissions de CO₂ d’origine industrielle représentent une partie significative des émissions de CO₂ au niveau national. Elles se décomposent entre les émissions liées aux procédés (environ un quart) et les émissions de combustion (les trois quarts environ).
Les émissions liées aux procédés sont parfois très difficiles, voire impossible, à réduire et vont nécessiter un recours à la capture du CO₂, puis à son stockage ou à sa valorisation.
La plupart des émissions de combustion devraient pouvoir être réduite par la sobriété énergétique, l’efficacité énergétique, le recours aux énergies renouvelables (EnR) ou encore l’électrification. Le recours à la capture, au stockage et à la valorisation du CO₂ doit donc être la dernière solution à considérer.
Le Captage et Stockage géologique du CO₂ (CSC) vise à piéger le CO₂ en l’injectant dans une formation géologique pour éviter son largage dans l’atmosphère. Le CSC se compose de trois étapes majeures (captage, transport, stockage du CO2) qui se caractérisent par la mise en œuvre de technologies spécifiques.
Le captage et valorisation du CO₂, ou le captage et utilisation du CO₂ (CCU) consiste à capter le CO₂ pour l’utiliser comme matière première directe ou pour la synthèse de carburants, produits chimiques ou matériaux. Il comporte la même brique de captage (séparation du CO₂ des fumées) que le captage et stockage géologique du CO₂, mais le devenir du CO₂ est différent car au lieu d’être stocké dans le sous-sol, il est réutilisé.
Le principal intérêt de la valorisation du CO₂ est le remplacement de carbone d’origine fossile par du CO₂ capté. C’est le cas par exemple du projet REUZE à Dunkerque, porté par Engie et qui vise à réutiliser une partie du CO₂ émis par le site industriel d’Arcelor pour l’utiliser comme matière première dans la synthèse de carburants, qui pourront être utilisés à la place de carburants fossiles conventionnels.
Mais les potentiels de réduction des émissions de GES sont très variables en fonction du type de technologie et des substitutions retenues.